…nous espérons qu’elle n’aura pas d’indigestion.
N’allons pas aux agriculteurs, ils viendront à nous. Peut-on compter sur
l’agriculture urbaine pour nourrir la part de la population qui vivra en ville en
2030, soit 75 % de la population mondiale?
fao.org |
Elle semble être pleine de promesses. En 1996, on estimait que 800 millions
de personnes avaient une activité liée à l’agriculture urbaine. Dans les pays
du Sud, la situation est beaucoup mieux connue que dans ceux du Nord et c’est une
avalanche d’exemples que l’on pourrait citer. Certaines villes
s’autoalimenteraient de 60% à 100% en produits frais. Au Nord, quelques pays
sont plus avancés que d’autres dans cette réflexion. Dans nos contrées
françaises, avant d’avoir une vocation alimentaire, c’est surtout la création
d’un lien social qui pousse depuis quelques temps les gens à partager un
jardin, en attendant d’investir les toits dans quelques années. C’est
finalement assez récent. Il ne s’agit pas encore réellement d’agriculture, on
en est encore au stade de jardinage. Une sorte de manière d’échapper à la
solitude urbaine, parce que pour le moment, l’approvisionnement de nos villes
modernes est loin d’être la première de nos préoccupations. Mais si on y
réfléchit, c’est vrai qu’il y en a de la place. Entre ronds points, parcs,
jardins, toits et bâtis, toute surface qu’elle soit horizontale ou verticale
peut être exploitable pour y faire pousser le moindre haricot.
Ainsi, l’agriculture s’intégrera dans le métabolisme urbain.
Tout cela amène à repenser notre conception de l’agriculture, de la nature
et de la ville. Agriculture urbaine…plutôt paradoxale comme expression,
non ?
Les villes sont le gouffre de l’espèce humaine. Parce qu’on y dépérit. La
ville, par son essence même, est stérile. En grignotant les espaces urbains
autour d’elle pour s’agrandir, elle devient même stérilisatrice. En y ajoutant
la pollution qui y règne, du sol et de l’air, difficile de croire que la ville
aura un jour une fonction agricole. Mais même avant de parler d’agriculture,
peut-on déjà parler de nature en ville ? Bien que l’agriculture ne soit
pas « naturelle », dans le sens où c’est une invention de l’homme, on
peut se demander où il pourrait bien y avoir un brin de nature en ville. Les
espaces verts ne sont que des artifices colorés pour tromper l’imagination des
hommes.
Une agriculture urbaine sera donc forcément une agriculture encore plus
artificielle que celle de nos campagnes. Pas de terre, pour commencer. Quels
substrats pour nos tomates ? L’hydroponie est au goût du jour. Avez-vous déjà
mangé des tomates hydroponiques -ou pétrotomates ? Ah mais surement,
puisque 95% des tomates vendues en France le sont. Vous ne vous en souvenez
pas ? C’est normal, elles n’ont aucun goût. On peut espérer cependant que
l’on pourra créer des substrats organiques à partir de nos déchets ménagers. Il
y a du potentiel vu le gâchis.
Robotbuzz.fr |
Ensuite, si on se réfère aux spéculations de quelques paysagistes et
architectes futuristes, l’agriculture urbaine ne pourra pas se faire sans
construction de fermes verticales. En terme d’espace, l’horizontal ne suffira
pas. Il y en a, des projets sur le sujet ! Ca a commencé un peu…et c’est
extrêmement énergivore. Parce qu’on se retrouve avec des systèmes qui ne
peuvent pas utiliser la lumière du soleil, vous savez, ce truc gratuit et
inépuisable que les végétaux utilisent depuis des millions d’années. Et oui, il
y aura des lampes rien que pour nos petits légumes. Et puis, ils y voient
grands nos architectes, on pourrait y mettre des arbres et aussi des animaux…
Voilà on nage dans l’océan du délire. Ca sera peut être mieux que d’avaler
des petites pilules alimentaires dans 100 ans. Au moins là, elles seront
camouflées par nos tomates.
Mais ceci est le scénario le plus pessimiste que l’on puisse concevoir, juste
parce que le propre de l’homme c’est de faire un peu tout et n’importe quoi. L’agriculture
urbaine pose beaucoup de questions. Restons positifs ! Face aux multitudes
de petites initiatives qui naissent chaque jour un peu partout, l’espoir que la conscience collective ne laissera
jamais faire ça est réel. Si on ne se précipite pas et qu’on réfléchit à de
tels investissements sur le long terme, il n’y a pas de raison de finir dans la
matrice. Rien qu’autour de vous, il y a des AMAP et des jardins partagés à
foison. Allez y faire un tour, découvrez, partagez, profitez ! Peut être
que vous serez alors convaincu qu’une agriculture urbaine saine est possible, à
condition que tout le monde y mette son grain de sel.
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