dimanche 24 février 2013

Je mange conventionnel, et vous ?



Nous, citoyens, pouvons exprimer notre opinion sur la législation concernant la bio ! 

Suite aux questions posées par ce "réexamen de la politique européenne relative à l'agriculture biologique",  nous avons voulu vous faire part de quelques réflexions sur les enjeux de l’agriculture biologique.

L’agriculture bio, en dehors de la réglementation imposée, doit être un véritable projet de société et pas simplement d’un mode de production un peu plus respectueux de l’environnement. Outre les bienfaits agronomiques des pratiques culturales employées, l’agriculture biologique aspire à des valeurs sociales et humaines fondamentales qui se sont perdues au cours des dernières décennies. Rapport à la nature, confiance entre consommateurs et producteurs, réappropriation des citoyens de leur mode d’alimentation, partage et tolérance. 

Face à la diversité des territoires et des contextes socio-économiques des pays membres de l’UE, un cahier des charges européen qui défend « une » agriculture biologique est une aberration. Même si le concept "bio" de base doit être respecté, comment peut-on concevoir l’harmonisation du cahier des charges à l’échelle européenne ? Il n’y a pas un type d’agriculture biologique, il y en a toute une brochette, tout comme il y a plusieurs types d’agriculture ! Chaque région a sa spécificité en termes de techniques culturales pour des raisons pédoclimatiques évidentes. Toutes les formes d’agriculture sont d’ailleurs concernées, mais cela doit être pris en compte, si on veut développer la production et la consommation bio.

Il est primordial que l’Europe acquière sa dépendance protéique. Pour des raisons économiques, énergétiques et écologiques, il va falloir de toute façon revoir cette politique d’importation de graines de provenance douteuse. Concrètement : marre de manger du soja OGM à pattes. Alors certes, on n’a pas encore réussi à sélectionner de variété de soja à cycle court et la filière protéines est au bord du gouffre abyssal. Au boulot ! Outre les avantages pour l’alimentation animale que cela représente, la répercussion pour la santé humaine du développement de la filière légumineuse est un enjeu majeur dans le contexte alimentaire actuel. On ne le dira jamais assez : moins de viande, plus de graines ! Et bien sur, il n’est plus à démontrer que remettre des légumineuses dans nos sols réduit nettement l’utilisation d’engrais de synthèse source de pollution et de contamination des eaux.

Dans tout ça, on a oublié l’origine de la naissance de la bio. Avant d’utiliser des produits chimiques à outrance, on ne disait pas : je mange bio. Après le commencement de l’aire de la pétrochimie, on ne disait pas non plus : je mange conventionnel. C’est une poignée d’hommes conscients de la disparition des fermes agricoles, des dérives de l’agriculture productiviste et de la rupture du lien entre les producteurs et les consommateurs qui se sont regroupés autour de ce concept. Et pour créer un lien de confiance, un cahier des charges et une certification ont vu le jour, même s’il a fallu faire une césarienne pour cela. Petit à petit, l’UE s’est accaparé ce label, l’a simplifié pour le rendre plus accessible aux entreprises agroalimentaires, qui utilisent la bio comme un moyen de s’en mettre plein les poches et non comme une solution pour revenir à une agriculture réfléchie et propre. 
 
Résultat : on exploite des ouvrières roumaines au sud de l’Espagne pour faire des fraises bio cultivées en serre et on chasse les paysans de leur terre en Amérique du Sud pour faire de la monoculture de palmiers à l’huile bio. Cherchez l’erreur. On est à des années lumières des spéculations spirituelles initiales de notre poignée d’illuminés.

Voilà, il y a de quoi déblatérer des nuits entières sur le sujet. Oh bien sur, le bio est loin d’être parfait,  certains agriculteurs bios ne se privent pas de traiter autant voir plus qu’en conventionnel, avec des produits homologués.

Mais c’est déjà pas mal pour commencer à réfléchir à la définition du bio et à ses applications.

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