dimanche 26 mai 2013

Bellastock, festival d’architecture expérimentale


Journée bien étrange, que ce dimanche !

Mon petit programme du jour s’est retrouvé bouleversé par la mine déconfite et blanchâtre de mon frangin, désespéré de ne pas pouvoir aller au festival Bellastock, à Maisse, pour y retrouver des amis. Prise de compassion fraternelle face à tant de désarroi, je décidai sous l’impulsion de l’emmener, sans avoir la moindre idée de l’endroit où j’allai atterrir…je lui demandai quelques explications sur la route mais elles furent brèves et semèrent dans mon esprit un peu plus de confusion quand au réel objectif de ce festival ! Allai je assisté à un rendez vous d’étudiants éclairés et créatifs férus d’éco construction ?

Après une bonne heure de route, nous arrivâmes sur les lieux de cette étrange réunion. Nous sommes rentrés par une palissade joliment décorée, et là oh surprise, une dizaine d’étudiants en architecture, pinte à la main et tout verts, nous accueillaient chaleureusement. Ils avaient des couronnes de fleurs et de lierres dans les cheveux. Un peu plus loin, une allée déserte s’enfonçait dans la forêt et semblait mener vers une mélopée festive. Je m’y engageai avec suspicion, suivie de près par une bonne dizaine de moustiques...


Après quelques dizaines de mètres, je distinguai au loin les prémisses de construction en bois…et soudain, je me suis retrouvée au milieu d’une clairière, où quelques centaines de bonhommes en bottes s’adonnaient activement à la réalisation d’abris végétaux, de palissades en bois, de lits en mousse, de décorations naturelles en tout genre, et bien des choses encore.

Ce lieu regorgeait de choses insolites : vélo dans les arbres, peinture sur tronc d’arbres, instruments de musique pendouillant dans les arbres, parapluies accrochés à l’envers sur des fils tendus – bien qu’ils auraient été beaucoup plus utiles à l’endroit en ce weekend pluvieux et maussade. Alice n'aurait pas trouver mieux comme pays merveilleux ! A chacun de mes pas s'associait une nouvelle découverte.

J'ai donc erré ainsi quelques temps dans les chemins boueux, me faufilant entre les tiges végétales et ces architectures de la nature. L'ensemble du site était harmonieusement bordélique ; il s'y dégageait un certain charme, on aurait presque eu envie d'y rester vivre quelques temps...  En discutaillant avec les concepteurs au détour d'une cabane, j'apprends enfin de quoi il s'agit: c'est le festival "Greenwashing", organisé par l'association Bellastock. L'objectif ? Je lirai sur leur site plus tard:  Les 1000 participants viennent, le temps du festival, construire des structures en tiges végétales qui seront peut-être le point de départ d’un laboratoire sur l’agriculture et les plantes. J'y découvre également les projets de construction des étudiants (http://www.bellastock.com/category/greenwashing/). J'ai souri en lisant ça. Je n'ai pas vu la moindre trace du monde agricole pendant ma balade et je ne pense pas non plus que nos architectes en herbe aient respecter un centimètre de leurs plans de construction initiaux. Donc Greenwashing, bof...Soyons honnêtes, j'avais affaire à un bataillon de vaillants fêtards, certes débrouillards, mais on était bien loin du projet prôné par l'association.

Par contre, et c'est là à mon avis que réside tout l'intérêt de ces journées, j'aurai plutôt dit que c'était une belle expérience de survivalisme. Comment ne pas y penser ? En quelques heures, par petits groupes de 5 à 10, ces jeunes gens ont réussi à construire une centaine de cabanes habitables ! Jolie performance, non ? Et ils n'arrêtent pendant trois jours: ils construisent d'abord une structure de soutien, puis une fois étanche, ils améliorent leur petit nid - pas vraiment douillet, certes - avec de la déco, d'autres renforcements...

Poussé à l'extrême, le survivalisme conduit certains énergumènes à se préparer à une éventuelle catastrophe à laquelle l'humanité ne survivrait pas: abri anti-atomique, stocke de conserves pour 10 ans...les vidéos et les émissions ne manquent pas sur le sujet ! Ecoutez par exemple : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2579&var_recherche=survivalisme. Ici, on se rapprocherait plus du mouvement des "preppers", dans la lignée du survivalisme. Il s'agit d'entretenir un minimum de savoir faire pour être autonome rapidement et dans diverses conditions. Si on réfléchit, on constate qu'effectivement la majorité des gens ne sait pas changer une ampoule, et j'exagère à peine (moi la première !).

Bref, cette journée fut un rappel de la perte d'indépendance que nous vivons, j'aurai même dit subissons, progressivement depuis quelques années. Nous baignons constamment dans un océan de services et de facilités, il y a bien un jour où nous nous noierons dedans.

Eldef

lundi 11 mars 2013

Bougie or not to be

"Mais pourquoi manifestez vous, il n'y a jamais eu d'accidents nucléaires en France ! ". Cette exclamation un peu agressive nous vient d'une jolie bouche peinte en rouge. Une américaine sur ses hauts talons, avec quelques centimètres de fond de teint sur la truffe nous dévisage, étonnée.

"Faux !" lance quelqu'un dans la chaine. Et il raconte. Saint Laurent des Eaux, 1969 et 1980. La Loire a été contaminée...qui le sait ? Pas grand monde. Sur cette répartie bien placée et instructive, nous continuons notre chemin en nous tenant par la main. Nous sommes à Paris, ce 9 Mars 2013, et une armée de milliers de Pikachu défile dans les rues de la capitale en hurlant des slogans antinucléaires. Tout un symbole, deux ans après Fukushima.

Mais que se cache t-il derrière le nucléaire ?

Tant de choses à aborder: les effets sur la santé de la radioactivité, la pollution, les déchets qui s'accumulent, la Hague, les coûts économiques pour renforcer la sécurité des centrales et leur démantèlement. Rien n'est jamais simple, mais la question du nucléaire est d'une complexité inextricable, mêlant des enjeux de santé publique, environnementaux, politiques, économiques et énergétiques.

En France, 75% de notre électricité provient de l'activité nucléaire. Plusieurs personnes ont soulignés l’opacité dans laquelle le monde atomique est plongé: c'est le côté obscur de la force, surtout avec nos 58 réacteurs nucléaires. Cette méconnaissance est d'autant plus inquiétante que la radioactivité est invisible. Inodore et incolore, elle se balade gaiement un peu partout, dans l'inconscience collective la plus totale. Le CRIIRAD réalise des travaux très intéressant sur le sujet, où l'on découvre que beaucoup de régions en France ont des taux de radioactivité très excessifs, notamment dans les anciens sites miniers. On oublie souvent aussi les essais qui ont provoqué des retombées radioactives d'importance majeure et toutes les conséquences qui vont avec.

Les quelques accidents catastrophiques qu'il y a eu (Fukushima, Tchernobyl) et la seconde guerre mondiale ont marqué durablement les esprits. Pour autant, on ne renonce pas à cette énergie nucléaire dont le potentiel destructeur a été largement mis en évidence. Au delà du débat énergétique, humainement, comment peut on tolérer un tel risque ? L'attirail nucléaire s'avère quand même être une arme de destruction massive et qui pourrait être concrètement à l'origine de l'extermination de l'espèce humaine. Si on se positionne également à l'amont de la chaine, qui se préoccupe des ouvriers nigériens qui passent leur journée à extraire de l'uranium, surement devenus radioactifs depuis le temps ? Surement pas Areva.

On n'en est pas sorti. Surtout quand les différents bureaux d'étude et scientifiques pondent des rapports complètement différents. Les uns sont pro-nucléaires (scénario Négatep, AEPN, SLC...) prétextant que c'est un moyen de lutter contre le changement climatique. Ils oublient tout le reste. En plus, seulement 3% de l'énergie mondiale est produite par des centrales nucléaires. Combien de centrales faudra t-il construire pour prétendre à concurrencer les énergies responsables de l'effet de serre ? Les autres sont antinucléaires (scénario négaWatt, greenpeace, SDN, GSIEN...) et ne jurent que par le développement des énergies renouvelables. Solaire, éolien, biomasse et hydraulique.

Le débat énergétique n'a jamais été aussi intense, à l'heure où la disparition prochaine de l'or noir fait frémir la terre entière.

Quelles solutions ? Elles sont multiples: développement de l'écoconstruction, isolation des bâtiments, moins de gaspillage pour déjà limiter la consommation. Ensuite, d'autres énergies existent, leur mise en place ne doit pas coûter plus cher que le maintien du nucléaire cumulé à ses impacts dévastateurs sur les hommes et l'environnement.


Franchement, si on pensait un peu plus à l'intérêt collectif sur le long terme, et un peu moins à l'économie sur le court terme, le choix est vite fait...et il ne s'agit pas de revenir à la bougie !

Pour plus d'infos: Terre à terre nous offre une ribambelle d'émissions sur la thématique du nucléaire.




vendredi 8 mars 2013

Salon de l'agriculture: 50ème édition !

Ah c’est merveilleux ce petit salon, toujours au rendez vous pour les vacances de Février ! 

Visite express, 3h à peu près. Plus, ce n’est pas possible de toute façon, c’est un coup à devenir fou. Entre le bruit, les odeurs et la foule oppressante, on ne sait pas où se mettre pour avoir un instant de répit. Nous avons filé entre les couloirs, nous faufilant entre les gens qui pour la plupart ne regardait pas où ils mettaient les pieds, obnubilés par la foison de stands qui les entouraient. 

En résumé, ce salon était une véritable célébration de l’agroindustrie où l’on pouvait observer  une masse grouillante de visiteurs qui engloutissait sur leur passage toute substance liquide ou solide potentiellement comestible. 

Nous avons commencé par le pavillon 2, celui des productions végétales. Oh grandeur et stupéfaction, à peine rentrées, nous avons constaté que les trois quarts des stands étaient des commerciaux qui vendaient du maquillage durable, des vases écobidules, des sécateurs derniers cris ou des chaises en bois impérissables. Et au centre, une « ferme » improvisée, pour que le public puisse voir ce que c’est, d’être agriculteur. Alors, au lieu de mettre un tracteur sympa avec une petite herse, ils nous ont quand même mis au milieu de ce bazar THE moissonneuse batteuse haute technologie, un espèce d’énorme monstre rouge avec des tuyaux partout qui occupe à lui seul le quart de l’espace, trônant sur un parterre de blé. Magnifique.

A côté une fausse vache multicolore qui mange du soja, avec un petit écriteau où il y a marqué « Pour que la vache soit belle, elle doit manger du soja » ou quelque chose dans ce genre. Sans commentaires. Nous avons aussi vu un beau stand de LU, pour représenter la transformation des céréales. Juste une question comme ça, pourquoi est ce qu’on n’avait pas plutôt quelques boulangers pour nous montrer la transformation du pain… ? Et puis le stand gigantesque des brasseurs de France, avec une espèce de cruche avec des gros nœuds dans les cheveux comme animatrice, incapable de répondre à nos questions pourtant très simples. 

Nous passons dans le pavillon des bovins avec un peu d’appréhension. Et là on a failli devenir aveugle, devant l’énorme logo de Mac Donald. C’est bien simple, on ne voit que lui. Ah Mac Do, exemple incontournable de traçabilité, en plus ils vont s’approvisionner en patates franchouillardes. Il leur fallait bien un « petit » stand ! Une fois la vue retrouvée, nous avançons tant bien que mal, ou plutôt nous nageons dans la marée humaine de juvéniles courants partout pour toucher les vaches. Pour le coup, toutes les races doivent être représentées étant donné la quantité d’animaux qu’il y a. Nos amis bovins sont magnifiques dans leur robe rasée de près. Devant le regard hagard et l’infinie tristesse émanant de leurs grands yeux, on devine le désarroi de ces pauvres bêtes. Il semblerait que certaines d’entre elles soient shootées vu le calme olympien avec lequel elle supporte leur condition. Voilà, nos jolies vaches de France, condamnées à faire les tops modèles pendant une semaine. 

Au pavillon des équins : rebelote.
Au pavillon des régions : mangeaille, charcutailles, fromages et vins en abondance.
Au pavillon « Agricultures et délices du monde » : les délices du monde sont bien représentés, il y a des restaurants partout mais alors pas l’ombre d’un stand agricole…
Au pavillon des services et des métiers de l’agriculture : il y a UN stand bio. Pas mal ! Sinon, on a un bel éventail des filières agricoles et des organisations professionnelles agricoles.

La seule chose de positive de ce salon, c’est le nombre d’animations organisées pour les enfants. Il y en a à quasi tous les stands, pour leur faire découvrir les produits de l’agriculture et le monde agricole.

Nous sommes donc plutôt déçues. Comment peut on donner une image de l’agriculture pareille ? Elle est complètement décalée avec la réalité. L’agriculture française ne représente que 3% du PIB français et nos importations de denrées agricoles ont de loin dépassé les exports. Que peuvent bien se dire les gens qui sortent de ce salon ? Que l’agriculture française est un secteur d’avenir ? Qu’ils sont rassurés après avoir vu toutes ces entreprises certifiant qu’on pouvait leur faire confiance ? 

??
Ce salon ne permet pas absolument pas au grand public de se poser les bonnes questions concernant les pratiques agricoles toujours en vogue, la biodiversité, les dérives de l’agroalimentaire etc. Bien sur que cela doit être un moment « détente » et de découverte, mais pourquoi nous empêche t-on de réfléchir ? Nous sommes tous concernés par ces problématiques. On nous vend du rêve, et on se précipite pour l’acheter.

vendredi 1 mars 2013

Quand la pieuvre urbaine engloutira l’espace agricole…

…nous espérons qu’elle n’aura pas d’indigestion. 

N’allons pas aux agriculteurs, ils viendront à nous. Peut-on compter sur l’agriculture urbaine pour nourrir la part de la population qui vivra en ville en 2030, soit 75 % de la population mondiale?

fao.org
Elle semble être pleine de promesses. En 1996, on estimait que 800 millions de personnes avaient une activité liée à l’agriculture urbaine. Dans les pays du Sud, la situation est beaucoup mieux connue que dans ceux du Nord et c’est une avalanche d’exemples que l’on pourrait citer. Certaines villes s’autoalimenteraient de 60% à 100% en produits frais. Au Nord, quelques pays sont plus avancés que d’autres dans cette réflexion. Dans nos contrées françaises, avant d’avoir une vocation alimentaire, c’est surtout la création d’un lien social qui pousse depuis quelques temps les gens à partager un jardin, en attendant d’investir les toits dans quelques années. C’est finalement assez récent. Il ne s’agit pas encore réellement d’agriculture, on en est encore au stade de jardinage. Une sorte de manière d’échapper à la solitude urbaine, parce que pour le moment, l’approvisionnement de nos villes modernes est loin d’être la première de nos préoccupations. Mais si on y réfléchit, c’est vrai qu’il y en a de la place. Entre ronds points, parcs, jardins, toits et bâtis, toute surface qu’elle soit horizontale ou verticale peut être exploitable pour y faire pousser le moindre haricot.

Ainsi, l’agriculture s’intégrera dans le métabolisme urbain.
Tout cela amène à repenser notre conception de l’agriculture, de la nature et de la ville. Agriculture urbaine…plutôt paradoxale comme expression, non ?

Les villes sont le gouffre de l’espèce humaine. Parce qu’on y dépérit. La ville, par son essence même, est stérile. En grignotant les espaces urbains autour d’elle pour s’agrandir, elle devient même stérilisatrice. En y ajoutant la pollution qui y règne, du sol et de l’air, difficile de croire que la ville aura un jour une fonction agricole. Mais même avant de parler d’agriculture, peut-on déjà parler de nature en ville ? Bien que l’agriculture ne soit pas « naturelle », dans le sens où c’est une invention de l’homme, on peut se demander où il pourrait bien y avoir un brin de nature en ville. Les espaces verts ne sont que des artifices colorés pour tromper l’imagination des hommes.

Une agriculture urbaine sera donc forcément une agriculture encore plus artificielle que celle de nos campagnes. Pas de terre, pour commencer. Quels substrats pour nos tomates ? L’hydroponie est au goût du jour. Avez-vous déjà mangé des tomates hydroponiques -ou pétrotomates ? Ah mais surement, puisque 95% des tomates vendues en France le sont. Vous ne vous en souvenez pas ? C’est normal, elles n’ont aucun goût. On peut espérer cependant que l’on pourra créer des substrats organiques à partir de nos déchets ménagers. Il y a du potentiel vu le gâchis.

Robotbuzz.fr
Ensuite, si on se réfère aux spéculations de quelques paysagistes et architectes futuristes, l’agriculture urbaine ne pourra pas se faire sans construction de fermes verticales. En terme d’espace, l’horizontal ne suffira pas. Il y en a, des projets sur le sujet ! Ca a commencé un peu…et c’est extrêmement énergivore. Parce qu’on se retrouve avec des systèmes qui ne peuvent pas utiliser la lumière du soleil, vous savez, ce truc gratuit et inépuisable que les végétaux utilisent depuis des millions d’années. Et oui, il y aura des lampes rien que pour nos petits légumes. Et puis, ils y voient grands nos architectes, on pourrait y mettre des arbres et aussi des animaux…

Voilà on nage dans l’océan du délire. Ca sera peut être mieux que d’avaler des petites pilules alimentaires dans 100 ans. Au moins là, elles seront camouflées par nos tomates.

Mais ceci est le scénario le plus pessimiste que l’on puisse concevoir, juste parce que le propre de l’homme c’est de faire un peu tout et n’importe quoi. L’agriculture urbaine pose beaucoup de questions. Restons positifs ! Face aux multitudes de petites initiatives qui naissent chaque jour un peu partout, l’espoir  que la conscience collective ne laissera jamais faire ça est réel. Si on ne se précipite pas et qu’on réfléchit à de tels investissements sur le long terme, il n’y a pas de raison de finir dans la matrice. Rien qu’autour de vous, il y a des AMAP et des jardins partagés à foison. Allez y faire un tour, découvrez, partagez, profitez ! Peut être que vous serez alors convaincu qu’une agriculture urbaine saine est possible, à condition que tout le monde y mette son grain de sel.

dimanche 24 février 2013

Je mange conventionnel, et vous ?



Nous, citoyens, pouvons exprimer notre opinion sur la législation concernant la bio ! 

Suite aux questions posées par ce "réexamen de la politique européenne relative à l'agriculture biologique",  nous avons voulu vous faire part de quelques réflexions sur les enjeux de l’agriculture biologique.

L’agriculture bio, en dehors de la réglementation imposée, doit être un véritable projet de société et pas simplement d’un mode de production un peu plus respectueux de l’environnement. Outre les bienfaits agronomiques des pratiques culturales employées, l’agriculture biologique aspire à des valeurs sociales et humaines fondamentales qui se sont perdues au cours des dernières décennies. Rapport à la nature, confiance entre consommateurs et producteurs, réappropriation des citoyens de leur mode d’alimentation, partage et tolérance. 

Face à la diversité des territoires et des contextes socio-économiques des pays membres de l’UE, un cahier des charges européen qui défend « une » agriculture biologique est une aberration. Même si le concept "bio" de base doit être respecté, comment peut-on concevoir l’harmonisation du cahier des charges à l’échelle européenne ? Il n’y a pas un type d’agriculture biologique, il y en a toute une brochette, tout comme il y a plusieurs types d’agriculture ! Chaque région a sa spécificité en termes de techniques culturales pour des raisons pédoclimatiques évidentes. Toutes les formes d’agriculture sont d’ailleurs concernées, mais cela doit être pris en compte, si on veut développer la production et la consommation bio.

Il est primordial que l’Europe acquière sa dépendance protéique. Pour des raisons économiques, énergétiques et écologiques, il va falloir de toute façon revoir cette politique d’importation de graines de provenance douteuse. Concrètement : marre de manger du soja OGM à pattes. Alors certes, on n’a pas encore réussi à sélectionner de variété de soja à cycle court et la filière protéines est au bord du gouffre abyssal. Au boulot ! Outre les avantages pour l’alimentation animale que cela représente, la répercussion pour la santé humaine du développement de la filière légumineuse est un enjeu majeur dans le contexte alimentaire actuel. On ne le dira jamais assez : moins de viande, plus de graines ! Et bien sur, il n’est plus à démontrer que remettre des légumineuses dans nos sols réduit nettement l’utilisation d’engrais de synthèse source de pollution et de contamination des eaux.

Dans tout ça, on a oublié l’origine de la naissance de la bio. Avant d’utiliser des produits chimiques à outrance, on ne disait pas : je mange bio. Après le commencement de l’aire de la pétrochimie, on ne disait pas non plus : je mange conventionnel. C’est une poignée d’hommes conscients de la disparition des fermes agricoles, des dérives de l’agriculture productiviste et de la rupture du lien entre les producteurs et les consommateurs qui se sont regroupés autour de ce concept. Et pour créer un lien de confiance, un cahier des charges et une certification ont vu le jour, même s’il a fallu faire une césarienne pour cela. Petit à petit, l’UE s’est accaparé ce label, l’a simplifié pour le rendre plus accessible aux entreprises agroalimentaires, qui utilisent la bio comme un moyen de s’en mettre plein les poches et non comme une solution pour revenir à une agriculture réfléchie et propre. 
 
Résultat : on exploite des ouvrières roumaines au sud de l’Espagne pour faire des fraises bio cultivées en serre et on chasse les paysans de leur terre en Amérique du Sud pour faire de la monoculture de palmiers à l’huile bio. Cherchez l’erreur. On est à des années lumières des spéculations spirituelles initiales de notre poignée d’illuminés.

Voilà, il y a de quoi déblatérer des nuits entières sur le sujet. Oh bien sur, le bio est loin d’être parfait,  certains agriculteurs bios ne se privent pas de traiter autant voir plus qu’en conventionnel, avec des produits homologués.

Mais c’est déjà pas mal pour commencer à réfléchir à la définition du bio et à ses applications.

samedi 26 janvier 2013

Mi humain, mi robot ?

Ça vous tente, une petite virée dans la cybernétique, la robotique et autres nanotechnologies ? Que diriez-vous d’avoir une kyrielle de robots à vos ordres ? D’être entouré de petites bêtes électroniques qui font tout à votre place ? Plutôt alléchante, cette idée…On ferait moins d’efforts, on n’aurait même plus besoin de penser à nous, car un bonhomme fait de circuits et d’écrous le ferait à notre place. On aurait tout le temps de se consacrer pleinement à notre travail et nos activités.
Homo sapiens, Homo cybersapiens...

Si on pousse le vice un peu plus loin…que diriez-vous d’être vous-même un robot ? D’avoir des microrécepteurs dans le crâne pour commander à distance un ordinateur ? D’être recouvert de capteurs pour être hypersensible à son environnement et même de ressentir l’émotion des gens autour de nous ? De créer la vie avec des ordinateurs ? Autrement dit, accepteriez vous de fusionner avec les technologies, pour devenir un post humain, une nouvelle espèce dont les auxiliaires ajoutés seraient son prolongement artificiel…Toute technologie utile à l’homme lui permettrait de « s’augmenter », c'est-à-dire d’améliorer ses capacités cérébrales, biologiques et génétiques. Et ceci via la nouvelle ère technologique qui s'annonce, le NBIC (neuro, bio, informatique, cognitif).

Voilà ce que défendent les transhumanismes. Et c’est complètement aberrant.

Ces mecs là sont riches, intelligents et puissants. Tout ce qu’il faut pour s’incruster partout et imposer progressivement leur vision. Ils fondent des écoles comme l'Université de la Singularité et attirent les meilleurs chercheurs pour créer une élite qui sera à la tête de leur monde. Un monde où il faudra lutter pour cacher ses sentiments à autrui. Un monde où on pourra se pirater les uns les autres. Un monde où les hommes n’auront plus besoin des femmes pour se reproduire. Et un monde où il n’y aura pas la place pour tous les êtres humains qu’il y a déjà sur la terre, alors ne parlons même pas de ceux qui arrivent à grande vitesse. On sera sans cesse en train de surpasser son prochain, nous amenant dans un système de concurrence perpétuelle avec n'importe quel autre être humain.

Il s’agit en fait d’une sorte d’extermination de l’espèce humaine. Tout ceux qui ne veulent pas s’y plier ou plutôt qui ne peuvent pas se le payer – et là on touche 90 % de la population mondiale – disparaitront purement et simplement. Bionique contre biologique, à votre avis, qui gagne ?

Source: uppercult.fr

Car le but ultime bien sur, c’est de devenir immortel. On stockerait notre conscience sur des disques durs.
Cogitez, et pour plus de renseignements, veuillez visionner « Un monde sans humains » de Philippe Borrel.

Oeufs, salmonelles et frigo domesticus

Faut-il ou pas mettre ses œufs au frigo ?

Qui ne s’est jamais posé la question ? Avouez ! Mais alors pour trouver la réponse…il  y a de tout et n’importe quoi sur les forums ; nous ne prétendons pas fournir une explication exhaustive mais au moins de vous éclairer sur le sujet.  L’objectif est quand même d’éviter une contamination de l’œuf par la bactérie Salmonella, responsable d’intoxication alimentaire.

Il s’agit d’abord de s’intéresser à la structure de l’œuf. Il n’est pas  tout à fait ovale, un des pôles est plat, l’autre est pointu. Ce détail est plus important qu’il n’en a l’air ! L’œuf se constitue (de l’extérieur vers l’intérieur) :

- d’une coquille calcaire, avec des pores d’environ 1 micromètre, laissant passer les salmonelles ;
  
- d’une cuticule, constituée par un maillage de protéines dont les mailles sont inférieures à 1 micromètre qui empêchent normalement les salmonelles de pénétrer dans l’œuf; 
  
- de deux membranes coquillières accolées, qui se séparent au niveau du pôle plat pour former une chambre à air (toujours située du côté plat de l’œuf quelque soit la polarité) ;

- du blanc, défavorable aux pathogènes car son pH est très basique ;

- du jaune, recouvert par sa membrane vitelline : Il est maintenu au centre de l’œuf par des chaines protéiques torsadées (les chalazes), ceci pour être mieux protégé de l’environnement extérieur.

Voilà ! Jusqu’ici, rien d’extraordinaire…vous constaterez qu’il est bien protégé, ce bougre d’œuf ! 

Lorsque l’œuf est pondu, il est à 42°C, qui est la température corporelle de la poule. Le pH est un peu plus élevé que 7. Le vieillissement de l’œuf commence donc par un refroidissement, puis s’ensuit une  déshydratation et une fuite de gaz carbonique par les pores. L’intérieur se rétracte alors et la chambre à aire augmente de volume. Le pH augmente ce qui fragilise les protéines qui maintiennent le jaune au centre. Ce dernier  étant moins dense que le blanc, il remonte doucement vers la surface et quitte le centre. 

Et les salmonelles dans tout ça ? Elles peuvent déjà être dans le jaune suite à l’ovulation, car la poule est porteuse saine. Ce risque est très faible en France (1 sur 9 000 000, ça laisse de la marge).
Mais les salmonelles sont aussi toutes aptes à se retrouver sur la coquille, et là ça se gâte ! Si la cuticule est défectueuse, les salmonelles la franchissent  tranquillement et se dirigent gaiment vers les membranes coquillères qui ne constituent en rien un obstacle. Elles sont à priori bloquées par le blanc, hostile à leur développement. Mais deux cas sont possibles - que de rebondissements ! - :

                - si l’œuf à sa partie plate vers le haut, la chambre à air est aussi en haut. Le jaune qui a remonté sera isolé de la coquille grâce cette zone d’air. Les sournoises bactéries sont bloquées par cet espace d’air, ouf !
                - si l’œuf a sa partie plate en bas, vous avez deviné, la chambre à air aussi ! Là c’est le drame, tout s’enchaine. Le jaune, moins dense, remonte et se colle à la coquille. Les bactéries se trouvent en contact avec le jaune et s’y épanouissent merveilleusement bien vu la quantité de victuailles qu’il contient. 

Voilà, pour contaminer un œuf, il faut y aller, mais ça peut arriver. Le hic c’est donc la cuticule qu’il ne faut pas abimer… pour cela :

- évitez de laver vos œufs, ça détruit la cuticule.

- ne pas mettre ses œufs au frigo domesticus si celui-ci est… à 4 ou 5°C ! Vous remarquerez que les œufs ne sont pas au rayon frais au supermarché, ce dernier étant à 4°C (pas le supermarché, le rayon frais !). L’explication est simple, il s’agit d’un simple processus de condensation : lorsque l’on place un élément chaud dans un environnement froid, il se forme des gouttelettes, cela vaut aussi pour l’œuf. Sauf que ces gouttes entrainent un relâchement des fibres protéiques de la cuticule et ouvrent la porte toute grande aux bactéries.

Un réfrigérateur est censé avoir une température comprise être entre 4 et 5°C pour conserver de façon optimale les aliments. Mais le frigo domesticus est plutôt aux alentours de 7°C – 8°C, voir 10°C dans la porte. Ca tombe bien 10°C, c’est la température idéale pour ralentir au maximum le vieillissement de l’œuf !
Bref, si votre frigo est à 4°C, les œufs restent dehors. Si votre frigo est à 10°C, vous pouvez les mettre dedans. Dans tous les cas, il est plus prudent de les positionner avec la partie plate vers le haut. Si vous ne comprenez pas pourquoi, vous êtes invités à relire l’article !