Visite express, 3h à peu près. Plus, ce n’est pas possible de toute façon,
c’est un coup à devenir fou. Entre le bruit, les odeurs et la foule oppressante,
on ne sait pas où se mettre pour avoir un instant de répit. Nous avons filé
entre les couloirs, nous faufilant entre les gens qui pour la plupart ne
regardait pas où ils mettaient les pieds, obnubilés par la foison de stands qui
les entouraient.
En résumé, ce salon était une véritable célébration de l’agroindustrie où l’on
pouvait observer une masse grouillante de
visiteurs qui engloutissait sur leur passage toute substance liquide ou solide
potentiellement comestible.
Nous avons commencé par le pavillon 2, celui des productions végétales. Oh
grandeur et stupéfaction, à peine rentrées, nous avons constaté que les trois
quarts des stands étaient des commerciaux qui vendaient du maquillage durable,
des vases écobidules, des sécateurs derniers cris ou des chaises en bois
impérissables. Et au centre, une « ferme » improvisée, pour que le
public puisse voir ce que c’est, d’être agriculteur. Alors, au lieu de mettre
un tracteur sympa avec une petite herse, ils nous ont quand même mis au milieu
de ce bazar THE moissonneuse batteuse haute technologie, un espèce d’énorme
monstre rouge avec des tuyaux partout qui occupe à lui seul le quart de l’espace,
trônant sur un parterre de blé. Magnifique.
A côté une fausse vache multicolore qui mange du soja, avec un petit
écriteau où il y a marqué « Pour que la vache soit belle, elle doit manger
du soja » ou quelque chose dans ce genre. Sans commentaires. Nous avons
aussi vu un beau stand de LU, pour représenter la transformation des céréales.
Juste une question comme ça, pourquoi est ce qu’on n’avait pas plutôt quelques
boulangers pour nous montrer la transformation du pain… ? Et puis le stand
gigantesque des brasseurs de France, avec une espèce de cruche avec des gros nœuds
dans les cheveux comme animatrice, incapable de répondre à nos questions
pourtant très simples.
Nous passons dans le pavillon des bovins avec un peu d’appréhension. Et
là on a failli devenir aveugle, devant l’énorme logo de Mac Donald. C’est bien
simple, on ne voit que lui. Ah Mac Do, exemple incontournable de traçabilité,
en plus ils vont s’approvisionner en patates franchouillardes. Il leur fallait
bien un « petit » stand ! Une fois la vue retrouvée, nous
avançons tant bien que mal, ou plutôt nous nageons dans la marée humaine de juvéniles
courants partout pour toucher les vaches. Pour le coup, toutes les races
doivent être représentées étant donné la quantité d’animaux qu’il y a. Nos amis
bovins sont magnifiques dans leur robe rasée de près. Devant le regard hagard et
l’infinie tristesse émanant de leurs grands yeux, on devine le désarroi de ces
pauvres bêtes. Il semblerait que certaines d’entre elles soient shootées vu le
calme olympien avec lequel elle supporte leur condition. Voilà, nos jolies
vaches de France, condamnées à faire les tops modèles pendant une semaine.
Au pavillon des équins : rebelote.
Au pavillon des régions : mangeaille, charcutailles, fromages et vins
en abondance.
Au pavillon « Agricultures et délices du monde » : les
délices du monde sont bien représentés, il y a des restaurants partout mais
alors pas l’ombre d’un stand agricole…
Au pavillon des services et des métiers de l’agriculture : il y a UN
stand bio. Pas mal ! Sinon, on a un bel éventail des filières agricoles et
des organisations professionnelles agricoles.
La seule chose de positive de ce salon, c’est le nombre d’animations
organisées pour les enfants. Il y en a à quasi tous les stands, pour leur faire
découvrir les produits de l’agriculture et le monde
agricole.
Nous sommes donc plutôt déçues. Comment peut on donner une image
de l’agriculture pareille ? Elle est complètement décalée avec la réalité. L’agriculture française ne représente que 3%
du PIB français et nos importations de denrées agricoles ont de loin dépassé
les exports. Que peuvent bien se dire les gens qui sortent de ce salon ?
Que l’agriculture française est un secteur d’avenir ? Qu’ils sont rassurés
après avoir vu toutes ces entreprises certifiant qu’on pouvait leur faire
confiance ?
?? |
Ce salon ne permet pas absolument pas au grand public de se poser les
bonnes questions concernant les pratiques agricoles toujours en vogue, la
biodiversité, les dérives de l’agroalimentaire etc. Bien sur que cela doit être
un moment « détente » et de découverte, mais pourquoi nous empêche
t-on de réfléchir ? Nous sommes tous concernés par ces problématiques. On
nous vend du rêve, et on se précipite pour l’acheter.
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